L'écologie n'est pas un bletz. C'est un modèle de société qui exige de redéfinir notre place : non pas l'humain servi par l'environnement, mais le citoyen faisant partie de l'environnement.
C'est pour porter cette vision que je m'engage. Je suis Christian Babski, Dr EPFL, chargé de recherche à l'ECAL, entrepreneur et Lausannois, je souhaite mettre mes compétences au service de ce dialogue essentiel. Ensemble, responsabilisons nous!
Voici une matrice des « problèmes » ou de ce qui ne devrait pas « être mis sous le tapis ». Je présenterai progressivement des textes et des réflexions sur les sujets qui concernent les Lausannois·es.
Nous avons atteint un climax insoutenable sur le long terme, et il est grandement temps de sortir du clivage partisan, personne n’ayant seul une solution viable au problème de la toxicomanie dans l’espace public. Au vu des dernières évolutions de la situation à Lausanne, il faudra assurément « analyser » les différentes actions mises en place ces dernières années et leur impact sur les Lausannois.es, mais il est également temps de penser, d'imaginer comment sortir de la situation actuelle.
Il faut peut-être commencer par un rappel quant à la loi. En Suisse, suivant la loi LStup, c’est étonamment simple : tout est interdit. La consommation, la possession, l'achat et la vente sont interdits. Maintenant, il y a la pratique qui a catégorisé les produits et les actes.
Le cannabis est au bénéfice d’une rassurante « exception » : sa possession (jusqu’à 10g) n’aboutit qu’à une confiscation, sa consommation « publique » est amendable (~100.- CHF) sans que cela ne génère un enregistrement au casier judiciaire.
Les drogues dites dures (Cocaïne, MDMA, Héroïne, etc.) ne sont au bénéfice d’aucune exception. Possession (en petite quantité (moins de 1g) ou en grande quantité) et consommation sont punissables par des procédures pénales, avec inscription au casier judiciaire.
L’acquisition de drogue, quelle qu’elle soit, est totalement prohibée et fait l’objet de procédures pénales.
Dans le même temps, la loi l’autorisant, le projet Cann-L a été mis en place à Lausanne (comme dans d’autres villes (Bâle (Weed Care), Berne (SCRIPT), Zurich (Züri Can)), afin d’étudier une possible mise en place d'un possible contrôle de la distribution de Cannabis via des structures qualifiées (à but non-lucratif pour Lausanne, pharmacies pour Bâle et Berne, pharmacies et les «Cannabis Social Clubs» pour Zurich). Ces expériences sont largement inspirées de choses testées et implémentées au Québec, notamment.
Cette situation illustre la politique des 4 piliers (prévention, thérapie, réduction des dommages, répression) directement issue de la LStup. Pragmatiquement, la municipalité de Lausanne assume avoir privilégié les 2e et 3e piliers.
Malheureusement, et possiblement très justement, il convient de constater que la situation actuelle dans le canton (Yverdon, Vevey, etc.) et spécifiquement dans la ville de Lausanne dépasse largement les conseils promus dans le guide produit par l’initiative des villes pour la politique sociale (via staedteinitiative.ch).
À trop vouloir protéger, encadrer les victimes de la drogue, n’a-t-on pas créé une bulle d’impunité tout autour du deal de rue, une bulle isolationniste autour des toxicomanes, mais également n’a-t-on pas oublié les citoyens qui doivent vivre la situation actuelle au quotidien ?
Les personnes toxico-dépendantes qui sont au bénéfice des structures mises en place à Lausanne sont effectivement encadrées d’un point de vue sanitaire (c’est malheureusement la moindre des choses), conseillées et orientées, mais cette aide, même si de l’information et de l’aide aux démarches peuvent être promues dans les ECS, « maintient » les personnes concernées dans l’ornière de la drogue par un manque de cohésion entre tous les services concernés et de possibilité de suivis sur le long terme (Évaluation des mesures complémentaires de la Ville de Lausanne à la pérennisation de l’ECS du Vallon – rapport final). Ceux qui sont convaincus et motivés à vouloir sortir du cauchemar, sont actuellement dirigés vers des établissements privés qui sont mandatés par les pouvoirs publics pour assurer les prestations idoines. De là, il est difficile actuellement d’évaluer les résultats effectifs de ces établissements.
D’un point de vue sanitaire, la machine fonctionne. Pour les personnes concernées, la minimisation des risques semble être un succès, mais on oublie alors le citoyen derrière chaque personne dépendante et le citoyen derrière chaque porte de maison. De là l’idée d’ajouter un support citoyen à la LStup. Un support citoyen pour les toxicomanes pour appuyer plus fortement un suivi et une sortie sur le long terme du monde des addictions tout en garantissant un support citoyen symétrique pour les victimes des consommateurs. Cela pourrait être l’huile nécessaire pour optimiser les rouages de la LStup, qui doit nécessairement s’adapter aux changements d’époque (nouvelles drogues, nouveaux usages, nouveaux risques, nouvelle ampleur du trafic), et ne pas laisser les seuls acteurs de terrain assumer les déferlantes les unes après les autres sans réelle évolution des moyens.
Les nouvelles propositions de la municipalité lausannoise publiées ce mois de novembre vont dans ce sens. Regrouper les services dans un établissement complet, à vision plus pérenne, me semble adapté, y compris dans le but de pouvoir assurer des nuitées. La réorganisation des ECS va évidemment demander un certain temps, sans compter le problème qui consistera à trouver un « bon » emplacement pour le nouveau centre global dont la municipalité commence à parler. Ces sujets ne manqueront pas de passer par des votations, il faudra alors effectivement être plus objectifs que partisans, les solutions les plus efficaces seront assurément le résultat d’un savant mélange de compréhension et de répression.
Il est entendu que la frontière entre une catégorie et une autre est bien évidemment poreuse. Ainsi une certaine compréhension par rapport à un produit et/ou une « habitude » donnée peut servir de catalyseur, de tremplin vers un acte plus grave, vers une consommation plus problématique, voire vers une consommation récréative au final « pas si grave ». La compréhension peut alors être perçue comme du laxisme, voire de l’encouragement. Cela se traduit assurément par une certaine impunité pour les trafiquants de rue, mais également pour la consommation récréative qui concerne un tout autre pan social de la population avec des moyens plus aisés, qui eux aussi, sont au bénéfice d’une certaine impunité. Je pense que le 4ème pilier de la LStup doit nécessairement faire l’objet d’une réévaluation des moyens et aboutir à des mesures appliquées concrètement « dans la rue », à Lausanne. Être de gauche ne doit pas devenir synonyme d’une application laxiste de la loi, sous prétexte d’une vision et d’un traitement progressistes des problèmes de drogue. Vu les situations extêmes observées à Lausanne, le « pas si grave » ne doit pas être sur la table des discussions. Dans ce domaine, tout acte doit avoir des conséquences, et ce à tous les niveaux.
D’autre part, le problème est global et d'une ampleur grandissante. Sans vouloir spécialement déresponsabiliser la municipalité sortante, il est illusoire, voir utopique de vouloir règler le problème du trafic de drogue et ses effets associés à la seule échelle minicipale. Il suffit de regarder alentours, à l'échelle europèenne, pour observer ce qui nous attend à plus ou moins court terme. Nous avons encore de la marge par rapport aux grandes villes europèennes, mais il n'y a aucune raison que cela n'arrive pas sur notre territoire. Une révision de la LStup serait la bienvenue, les dernières en date (2013 et 2021) ne concernant que la consommation de cannabis!
